Témoignages

Partenaires au Plan d'action pour les jeunes et leur famille

Geneviève Barry et Eric Rodrigue, parents de famille d’accueil

Geneviève et Eric sont parents de sept enfants entre 7 et 26 ans. Deux sont confiés par la direction de la protection de la jeunesse (DPJ) et deux autres sont issus de l’adoption internationale. Durant la pandémie de COVID-19, ils ont aussi été famille d’accueil d’urgence pour deux adolescentes. Cependant, eux ne font pas de distinction quant à la provenance des enfants. Selon leurs dires, ils forment une grande famille « arc-en-ciel ». Ces parents ont à cœur de permettre à tous leurs enfants de bien se développer et de s’épanouir. Ce projet familial est né du sentiment d’être privilégié dans la vie – d’avoir la santé, d’être éduqué, d’occuper de bons emplois, etc. – et de vouloir redonner à la société. Geneviève, une infirmière de formation maintenant enseignante au Centre 24-Juin à Sherbrooke, a vécu un placement à l’adolescence et a donc connu la réalité des familles d’accueil. C’est elle qui a amené son conjoint, ingénieur informatique qui venait d’un milieu plus aisé, à se lancer dans l’aventure, car tous n’ont pas les mêmes chances au départ. Qu’est-ce que ça prend pour devenir famille d’accueil?
« C’est important d’avoir des valeurs communes, le goût de faire une différence, être prêts à s’adapter aux besoins des enfants, et être très patients! », explique Geneviève.
Les défis peuvent être grands, puisque les jeunes en famille d’accueil ont nécessairement vécu des situations difficiles ayant mené au retrait de leur milieu familial. Ils présentent souvent des problématiques en découlant, telles que des traumatismes, des troubles de comportement ou des troubles d’apprentissage.
« Il y a les bonnes et les mauvaises journées. Il faut être prêt à vivre des montagnes russes au quotidien », ajoute-t-elle.
Mais il y a aussi les instants magiques : la facilité des enfants à s’émerveiller (même pour une simple histoire racontée!), les progrès réalisés au fil du temps qui démontrent leur capacité à se relever et leur résilience.
« Ce sont des héros, des champions qui n’ont besoin que d’un terreau fertile pour bien se développer », souligne la mère.
L’entraide et la complicité qui se créent entre les enfants est aussi précieuse, comme quoi l’engagement est très valorisant pour toute la famille. Geneviève reconnaît qu’elle a un peu l’âme d’une missionnaire, elle a justement fait de l’aide humanitaire en solo, puis en famille, dans différents pays en voie de développement. Toutefois, elle voit surtout les grands besoins à combler ici-même : « La misère est à notre porte, dans notre propre ville». Elle veut faire partie de la solution et toute la famille suit. D’ailleurs, les enfants de la famille ne s’arrêtent pas aux défis rencontrés, ils sont déjà prêts à ouvrir à nouveau leur porte et leur cœur pour accueillir un nouvel enfant!

Sarah Trépanier, spécialiste en activités cliniques, agente de liaison fugues

Joanie Brown, technicienne en assistance sociale à l'application des mesures pour les jeunes de 0 à 18 ans hébergés en famille d'accueil

Martin*, participant à un suivi familial intensif

Martin a participé en janvier 2019 au nouveau programme Des grands et des petits, développé par deux psychoéducateurs de l’équipe de réadaptation externe en protection de la jeunesse, Katherine et Marc-Olivier. Ce programme intensif de 13 semaines alterne des rencontres à domicile et des rencontres de groupe avec d’autres parents et leurs enfants âgés de 6 à 12 ans. 
Père monoparental d’un enfant de 10 ans, Martin a beaucoup apprécié les ateliers offerts en groupe et de pouvoir appliquer rapidement ses apprentissages à la maison, avec le soutien de Katherine. Il considère que les activités de groupe permettaient de relativiser les difficultés vécues avec son enfant en voyant que d’autres en vivaient aussi et le motivaient à essayer les trucs proposés. Il voyait les résultats concrets des changements apportés au fil du temps. 
Dans son cas, ça l’a aidé, entre autres, à « décoder » son fils qui parlait peu et pouvait s’isoler dans sa chambre quand ça n’allait pas. Son fils a un diagnostic de TDAH et a un grand besoin de bouger; il pouvait biser des objets lorsqu’il était fâché. Maintenant, Martin comprend mieux ses besoins particuliers. Il sait comment faire respecter son autorité, mettre des limites et tenir ses décisions, pour un meilleur encadrement de son fils. Il repère mieux les signes lorsque son fils a quelque chose à lui partager et prend le temps d’en parler avec lui, ce qui les a rapprochés. Son fils a lui aussi appris à bien communiquer et gérer ses émotions. Il n’y a plus de crises et ça se passe bien au quotidien. Martin lui a dit : « Casse-toi pas la tête, papa ne te lâchera jamais, jamais je ne t’abandonnerai…». Une belle relation et complicité père-fils qui se poursuit, en partie grâce aux ateliers et suivis du programme qu’il recommande fortement, et surtout aux efforts déployés par lui et son fils!
Martin* : nom fictif pour protéger la confidentialité 

Marie-Lou Béland, réalisatrice et intervenante ayant reçu des services de la protection de la jeunesse

Marie-Lou poursuit ses rêves et vit de sa passion en tant que réalisatrice de courts-métrages, en plus de travailler comme intervenante pour notre établissement. Qui aurait cru que cette jeune femme rayonnante de 31 ans a vécu une enfance chaotique, changeant d’école et de région régulièrement avec son père qui ne pouvait s’en occuper adéquatement? 
À 12 ans, l’école fait un signalement et elle est placée en famille d’accueil. Elle découvre les routines, les bons repas et la présence d’adultes encadrants. Elle demande par elle-même d’y rester. Marie-Lou a été hébergée par quelques familles et par la suite en centre d’accueil à Drummondville, avant de voler de ses propres ailes. Elle raconte qu’auparavant, elle était comme un petit chat sauvage, renfermée, qui ne faisait plus confiance aux adultes. Elle faisait des fugues qui lui donnaient un faux sentiment de liberté. Une intervenante a su percer sa carapace pour qu’elle recommence à avoir confiance aux autres et en elle. 
La persévérance de cette intervenante a porté fruit Marie-Lou s’inscrit au cégep pour devenir éducatrice spécialisée et pouvoir rendre la pareille aux autres enfants, leur redonner espoir. Sa passion pour la caméra se développe alors et elle utilise cette passion dans le cadre de son travail au centre jeunesse de l’Estrie, avec les préados, lorsqu’elle termine ses cours. 
Ses courts-métrages à saveur sociale se font remarquer dans les festivals de cinéma un peu partout dans le monde. Le court-métrage 24 h, sur l’aide médicale à mourir, remporte même un prix au Festival Cinéma du monde de Sherbrooke en 2017. La Grosse Classe, inspiré d’un poème de David Goudreault, traite du système scolaire, et le nouveau Santé!, se demande comment un couple âgé peut rester uni malgré la maladie. En 2018, elle a reçu le Mérite estrien dans la catégorie artistique.  
Même si la réalisatrice ne travaille plus avec la clientèle jeunesse, elle fait appel aux intervenants du point de service Val-du-Lac pour que des jeunes participent à ses tournages, ce qui allumera peut-être une passion pour eux aussi.
« Ma cause à moi, c’est les jeunes et les ados, et je veux leur montrer que tout est possible quand on a une passion! », s’exlame-t-elle.
Pour voir les courts-métrage de Marie-Lou :

Kassandra Bouchard, jeune ayant reçu des services en protection de la jeunesse

Kassandra a voulu redonner au suivant. Un peu avant Noël dernier, elle a préparé des cadeaux pour les jeunes de l’unité Oasis du point de service Val-du-Lac et les éducatrices spécialisées. Elle est venue partager du bonheur et redonner de l’espoir aux adolescentes dont plusieurs passaient les fêtes au centre. En tant qu’ancienne résidente, elle comprend ce qu’elles vivent. En effet, Kassandra a passé six ans dans un foyer de groupe de Val-du-Lac, de 12 à 18 ans. Auparavant, elle avait habité dans trois familles d’accueil différentes. La jeune adulte, maintenant mère d’un petit garçon de presque un an nommé Zackary, vit en appartement avec son conjoint à Sherbrooke. Elle se remémore ses années passées sous l’aile de la DPJ. Elle se rappelle l’adolescente renfermée qui vivait de l’incompréhension parce sa famille ne pouvait pas s’occuper d’elle, puis la phase de révolte qui a suivi où elle n’acceptait pas l’aide des éducateurs et fuguait parfois. Puis, il y a eu le début des sorties autorisées avec ses amies ou son copain au cinéma ou au centre d’achats, ce qui ressemblait plus à la vie d’une adolescente « ordinaire » selon elle. Elle repense à certains éducateurs qui ont été des modèles, qui ont cru en elle, sur qui elle pouvait compter. Elle reconnaît maintenant que l’encadrement et le soutien reçus par les services de protection de la jeunesse ont été bénéfiques. Elle y a appris à s’exprimer, à prendre soin d’elle, à gérer ses émotions et son anxiété.
« Je suis aujourd'hui qui je suis grâce à eux, à leur persévérance, à leur confiance en mes capacités. Je leur suis reconnaissante et je les remercie. » Kassandra rêve maintenant de devenir elle-même éducatrice spécialisée pour intervenir auprès des jeunes.

Paul Sarrazin, maire de Sainte-Cécile-de-Milton et préfet de la MRC de la Haute-Yamaska

« Les municipalités ont un rôle à jouer pour améliorer la santé de la population et pour s’assurer que sa jeunesse se développe bien », croit Paul Sarrazin, maire de Sainte-Cécile-de-Milton, en Montérégie, une communauté de 2200 personnes. Selon lui, ce n’est pas seulement le réseau de la santé et des services sociaux qui doit s’en charger, c’est une responsabilité partagée avec les villes et aussi le réseau de l’éducation. Il est tout à fait en accord avec l’adage africain qui dit que ça prend un village pour élever un enfant!
Il donne des exemples concrets sur les façons dont une ville peut faire la promotion et la prévention en santé pour sa collectivité. Entre autres, c’est par le choix des installations dans les parcs : modules de jeux multi-âges, patinoires, terrains de soccer et de baseball, piscines, parcours actifs; et en localisant bien les centres communautaires et les services afin qu’ils soient accessibles. C’est aussi par l’organisation d’activités rassembleuses comme l’éveil à la lecture (nommée Les rendez-vous de la Galette!), les fêtes, les camps de jour l’été. Ce sont de bons moyens pour briser l’isolement et faire participer les citoyens à la vie dans leur milieu. Au fil des ans, M. Sarrazin a instauré des activités originales qui portent fruits :
  • le « Toasts et café » au lendemain de la réunion du conseil municipal, afin de pouvoir discuter avec les citoyens;
  • la remise mensuelle des diplômes du maire aux élèves de l’école primaire qui se sont démarqués;
  • la plantation d’arbres et de fleurs pour chaque finissant de l’école primaire (contribuant ainsi à prévenir le vandalisme de ces aménagements!);
  • des soirées jeux de société et musique pour les adolescents.
« Toutes ces actions permettent de bien connaître mon monde, d’entendre les préoccupations et de déceler les enjeux. De l’entraide se créé, le bien être augmente », ajoute le maire.
Une communauté tissée-serrée veille les uns sur les autres – ce qui solidifie le filet social autour de chacun.

Nathalie Leclerc, propriétaire de la Friperie Les petites frimousses et mère adoptive de deux garçons

Nathalie et son conjoint Jean-François ont adopté deux enfants par le biais des services d’adoption de la DPJ. Ne pouvant avoir d’enfant et ayant des proches qui avaient fait l’expérience de l’adoption, ils ont décidé d’assister à une rencontre d’information. Ils ont alors eu l’heure juste sur le long processus et les exigences nécessaires pour adopter un enfant, ainsi qu’un portrait des besoins particuliers possibles des enfants dû à leur récente histoire. Le couple a maintenu son choix d’aller de l’avant dans la démarche. Nathalie se rappelle encore du jour à l’été 2014 lorsque la travailleuse sociale l’a appelée pour lui dire qu’un petit garçon de cinq mois, Raphaël pourrait leur être confié. En allant le visiter dans la famille d’accueil, le petit s’est mis à rire des pitreries de son chum; un lien s’établissait déjà. Raphaël est ensuite arrivé dans son nouveau chez-soi. Un an plus tard, un autre enfant était confié à la famille : Samuel, trois mois. Raphaël a maintenant 6 ans et Samuel, 4 ans et demi. Même si ces enfants ont besoin de plus de présence, d’encadrement et de stabilité que d’autres enfants – Raphaël souffre d’anxiété et a des troubles de sommeil et Samuel un trouble de langage et aura une évaluation pour le trouble du spectre de l’autisme, ils se développent bien et Nathalie et Jean-François sont fiers d’eux. Ils déplorent parfois l’incompréhension de l’entourage quant au fait que leurs enfants demandent plus de soins, mais à force de patience, de persévérance et d’amour, et aussi de résilience, ils sont heureux de faire une différence pour leurs enfants.
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